Regrets
Soyez fidèle à la promesse
D’un beau sexe du galbe d’un pied à la pointe des cheveux
Et d’une grande âme
Ne devenez pas un brigand des soirs d’été
Des danses et des murmures du printemps
De l’âtre frémissant de l’hiver aux lectures de l’automne
Car si vous savez que la vraie joie est là
Cela signifie qu’il est déjà
Pour vous aussi trop tard
Je suis désolé, gamin
Je suis désolé, gamin
À la vue de mes joues
À ton âge incertain
On aurait bien trop ri
Comme ça qu'on m'a poussé dans les orties
Une première fois
Ou peut-être ai-je un peu prolongé
Tant d'édens de pachas et de cordonniers
Aujourd'hui campagnol de librairie
Qui rêve d'un passé de fantaisie
Et répond aux mauvais esprits
Tout en désordre, avec force inventions et parcimonie
Appareil technologique
J'ai acquis un bijou de technologie
Pour marcher avec
Il y a une foultitude de tels engins chez Darty
À l'intention de jeunes couples qui travaillent
Et décorent leurs appartements
J'aurais pu employer ces moyens
Afin de revoir la mer
Ou l'expo Nicolas de Staël à l'Hermitage
Celui que m'avait laissé ma mère était bien meilleur
Je vais essayer de ne pas lâcher prise
Après cette aventure
Neiges
Quand les lourds flocons obscurcissaient le ciel
Laissaient entrevoir la cour
D'un petit hôtel de village
Et masquaient les rochers
C'était bien
Lorsqu'elle tourbillonnait sous les lampadaires
S'abattant sur l'épais tapis qui recouvrait notre rue
Et que nous n'osions nous aventurer
Au-delà de la porte-fenêtre dans la nuit
C'était bien
Tandis qu'elle entourait les vitres de la deux chevaux
Et qu'il était devenu presque impossible de distinguer
La route des prés environnants
C'était compliqué
Et si bien
Au bout du petit matin
Au bout du petit matin
Tu te dresses
Noire d'insomnie et de solitude
La chair dénudée de ces pierres aiguisées
Belle de toutes nos révoltes
Au bout d'une nuit de rien
Sans richesses ni sommeil
Tu t'éveilles
Aux sons de la poésie
Qui seule te renvoie à toi-même
Au bout du jour qui vient
Tu as oublié
Quelle femme tu étais au Caire
Ne vois plus que murs de corail et fenêtres de nacre
Sur le champ de ruines brille un unique flambeau
Son visage
Tes joues sont deux fleuves
Traversant une plaine
Vallée ornée de fleurs
Lit clair d'une rivière
Tes yeux
Deux étoiles aperçues
À travers l'oeuvre sensuelle
D'un peintre symboliste
Ta bouche qui laisse entendre
Le doux son de ton coeur
Ton front haute falaise
Toute entrée d'un palais
Au sommet de l'Éden
Harmonie
Matin
Un homme se tient devant la porte
Né à Singapour
Africain Roumain Américain
Habitant de ce qu'est devenu la périphérie
D'une ville de province
Il s'est assis sur l'un des murets peints en blanc
Le soleil recouvre les jouets multicolores
Jonchant l'herbe fraîchement coupée
Quelques arbustes épars
Le grillage vert foncé, le trottoir
Le bruit de moteur des quelques voitures qui partent
À l'heure fixe
Quand de l'air jaillit une vibration unique
Et semble présent au-delà
Le murmure de l'océan