Ces dessins aujourd'hui pour l'Ukraine
J'ai parfois négligé le facteur religieux
Puits sans fond du temps inhabité
Créé le moins possible
Et ce je par ailleurs
Peut-être toujours trompé
Est-ce lui qui me souffle aujourd'hui
Pitié pour nous si nous ne sommes pas en mesure
De nous hâter de sceller une paix
D'autres générations ont ancré ces armes dans l'Histoire
Traces
Chaque jour est présent
D’une joie douloureuse
Nouvelle vie
Sans limite sinon
Celle d’un dessein
Tout proche
Verbe inscrit sur la pierre
Sens attendu
Dont nous ne déchiffrons
Que lignes parcellaires
L'âge avançant
Accents
Dans l’œuvre délaissée
Plaisir renouvelé
Franchissant la frontière
Vague abattement
Coupable qui se répand
Submerge tous nos rêves
Restant d’éternité
Laissant droites les stèles
Chaque nuit est perdue
Sans marques d’écriture
Ancre
Qui se lève
Et s’abandonne au large
Berçant
Des scories de mémoire
Fixées à jamais
Illisibles poussières
Nos êtres déchirés
Ils me ressemblent
Ces enfants de Saïda
Les oreilles décollées et le teint mat
Et nul peut-être parfois ne cherchera
À connaître leur âme, leur plénitude
Et leur propre courage
Mais c'est dans l'histoire de la poésie juive
Sur les terres fertiles d'Ukraine, de Roumanie,
Que l'on trouve ces braises presque éteintes
Comme venues de nulle part
Où domine l'espoir profondément ancré
De soulever toute cette poussière
Presque miraculeuse
Jusqu'au ciel
Aubes
Tu m’attendras tout en bas
Devant la porte
Mors dans ta main
Nos deux montures ailées
Le monde semble immense
Avec toi
Nos vêtements brocards
Les cimes des couronnes
Il n’y aura que champs
Poussés en travers la route
Vogueront doucement
Les pierres
Sous le vent
Qu’étais-je ici ?
Partout d’autres nous suivent
Immense voile
Couvrant la plaine et l’océan
Le soleil fuyant en ses teintes
Humble et inoffensif
Reflet de l’arc que nous formons
Ensemble
Établissement
J'ai vu le célèbre lycée
Et repensé à cette soirée de remise des prix
Qui s'était terminée entre amies
Dans un restaurant de la rue des Carmes
Je suis passé devant
On attendait les filles dans deux voitures
Garés à l'affût face au portail
On gardait de quoi bien vivre l'époque
J'ai gravi la rue comme chaque jour
Pour me dire combien ces années étaient longues
Je me couchais à neuf heures
Regardant la même colline depuis ma fenêtre d'alors
Je me souviens de Marc
Qui avait la gentillesse et l'esprit de pouffer
Au moindre jeu de mots pendant les cours
N'étant pas si mûr, il y en avait bien trop
Journal
Avons croisé des ombres
Dans le passage à l'aube
Si immensément sombre
Qu'un nouveau ciel s'est ouvert
Plus limpide
Révélant une lune
Qui nous regardait muette
De son visage aride
Outragé
Plein et sensible
Mais sommes ombres nous-mêmes
Après ce temps
Immobile
Décharné
A sa merci livrés
Sans rien reconnaître
Dans l'à-venir
Tout s'enfuira possible
Avec Toi
Inchangé
Dans nos vies
Luis !
Qui ne joue pas aux dés
Appel
Bouteilles à la mer
Demi-frères perdus
Femmes oublieuses
Adresse à ses pairs
Sont ces fragments
Voyageant
Nés de rien
Ouvrant une réponse
Un silence aveuglant
Mémoire pour soi
Plages de couleurs
Impossibles dans l’immédiat
Levant le voile
Sur l’espoir d’un ailleurs
Sensation sourde
Inexploré non lu
En perpétuels échanges
Chambres de résonance
Avec l’Inconnu
À demi-mot
Fresque
An neuf de la guerre totale
Les chers fils dans les rues
Pavés sous l'incendie
Colonnes fières
Thermes de vapeur et de laves
Mystères sans religion
Les matrones courraient
Dans l'oeil mort des mendiants
Il y a peu
Les centurions déliés
Et aujourd'hui sarments
Indestructibles
Pierres descellées
Rues lisses
D'esclaves statues
De stade rejetés
Crucifiant l'un dans l'autre
Stoïcien, marcheur vers l'origine
Quand soudain l'explosion
Montagne sur le ciel
Nul refuge
Des braves
De la paix
Des blés ouverts aimants
Ici ne sont pas nés
Pour la majorité en conquête
Inutiles
Lupanars de furtive pureté
Ou neutres anachorètes
Justice et poings serrés
Esprits vivants
Résurrection tardive
Les enfants du Déluge
Sont corps échoués
Hors le Colisée éteint
De terres retournés