Commissariat
Non, tu ne me tueras pas, mon frère,
Car, vois, je t’accompagne
Dans ce commissariat
Où l’on t’emmène
Pour la première fois
Et là je livrerai mes espoirs
Mes doutes puis mes fautes
Tu poseras les tiennes
Sur le large bureau
Sous l’éclairage blême
C’est comme un cadre étroit
Déplacé,
Sur cet immense monde
L’étendue est celle des sentiments
Il s’agit là de douleur, de deuils, de slogans, de rengaines
De traditions d’effroi
Le cadre s’est fixé
Ne peut plus s’agrandir
Recouvrir plus avant
Tes souffrances et les miennes
Mes limites, tes lois, le néant
Bords aveugles des haines,
Lunette sur ton moi
Vue de mon âme en peine
Tu en réchapperas
Ce soir-même
Envahi
Hors de toi
Seul
Un regard d'absences
Nous sortira de là